En juillet 2025, le ministère des Solidarités et de la Famille a publié un document majeur : le Référentiel national de la qualité d’accueil du jeune enfant. Fruit de deux années de travail, il marque un tournant pour le secteur de la petite enfance en définissant, pour la première fois, un socle commun de qualité applicable à tous les modes d’accueil : crèches, micro-crèches, multi-accueils, haltes-garderies, et assistants maternels.
En effet, depuis le décret n°2025-304 du 1er avril 2025, toutes les crèches doivent prévoir un projet d’évaluation de la qualité d’accueil : document intégré au projet d’établissement. La publication du référentiel vient donc apporter des éléments concrets d’évaluation autour des différentes pratiques.
Mais au-delà de l’aspect institutionnel, ce référentiel est un formidable outil de réflexion pour les professionnels en parcours de VAE — auxiliaires de puériculture ou éducateurs de jeunes enfants. Il t’aide à prendre du recul sur ta pratique, à enrichir ton livret 2, et à montrer au jury que tu es en veille active sur les évolutions de ton secteur.
Avant d’aller plus loin, qui suis-je?
🌟 Je suis Clémence, infirmière, éducatrice de jeunes enfants, formatrice, jury VAE et accompagnatrice VAE (plus spécialement pour les futures AP et EJE). Après une longue expérience en crèche, que ce soit en tant que CAP ou infirmière, j’ai occupé le poste de directrice. J’ai également intégré un IFAP (institut de formation d’auxiliaires de puériculture) en tant que formatrice permanente.
Les maltraitances institutionnelles m’ont poussée à essayer de faire bouger les choses. C’est avec la formation et la VAE que je cherche à sensibiliser autour des bonnes pratiques et surtout accompagner l’évolution des professionnels de la petite enfance et du soin.
Pour découvrir mes accompagnements VAE, tu peux cliquer ici: via le CPF, ou sur financement personnel.
1. Un référentiel national au service de la qualité et du respect du développement de l’enfant
Ce texte officiel s’appuie sur les avancées scientifiques en matière de développement du jeune enfant, de psychologie du lien d’attachement et de prévention des violences éducatives ordinaires. Son objectif : garantir à chaque enfant un accueil bienveillant, sécure et stimulant, tout en respectant son individualité.
📒 Le référentiel s’appuie sur des critères et des indicateurs concrets et observables, pensés pour aider les professionnels à évaluer la qualité effective de l’accueil : relation à l’enfant, environnement matériel, pratiques éducatives, communication avec les familles… autant d’éléments qui deviennent des repères partagés entre équipes et établissement d’accueil.
Les principes posés par ce référentiel s’ancrent dans la Charte nationale pour l’accueil du jeune enfant (2017), la Convention internationale des droits de l’enfant (1989).
Chaque structure doit désormais se référer à ce cadre pour orienter sa pratique, construire son projet d’établissement et évaluer ses actions tous les cinq ans. Et chaque professionnel, quel que soit son statut, y trouve des repères pour affiner sa posture : comment accueillir un enfant, dialoguer avec les parents, penser l’organisation du travail, ou repérer les signaux de mal-être.
2. Pourquoi ce référentiel concerne directement ton parcours de VAE
👀 Pour un candidat à la VAE d’auxiliaire de puériculture (AP) ou d’éducateur de jeunes enfants (EJE), la maîtrise de ce référentiel démontre bien plus qu’une simple connaissance théorique. Elle révèle une posture professionnelle ancrée dans l’actualité du secteur, une compréhension globale de la qualité d’accueil et une capacité à relier pratiques quotidiennes et politiques publiques.
💪 Intégrer le référentiel dans ton livret 2 te permet de :
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valoriser tes compétences sous un angle actuel et reconnu par les institutions ;
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employer un vocabulaire professionnel attendu par les jurys (sécurité affective, coéducation, besoins fondamentaux, posture bienveillante, inclusion…) ;
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prouver que tu es capable d’analyser et de t’auto-évaluer à partir d’un cadre national de référence.
Par exemple, si tu décris une situation où tu accompagnes un enfant en difficulté d’endormissement, tu peux la relier directement à l’un des principes du référentiel : respect du rythme, sécurité affective, et environnement propice au sommeil. Tu montres ainsi que ta pratique est consciente, réfléchie et argumentée.
3. Trois axes majeurs : cœur de la qualité d’accueil
Le référentiel s’articule autour de trois grands axes :
1️⃣ la relation au jeune enfant,
2️⃣ la relation aux parents et partenaires des familles,
3️⃣ la qualité organisationnelle et institutionnelle.
Ces trois dimensions s’interconnectent : l’accueil d’un enfant ne peut être dissocié de la relation avec ses parents ni de l’organisation collective qui l’encadre.
A. La relation au jeune enfant 👶 : accueillir, observer, sécuriser
Le premier axe replace le jeune enfant au centre de toutes les attentions professionnelles. Il s’appuie sur une idée forte : le développement harmonieux du tout-petit dépend de la qualité de la relation humaine qu’il vit au quotidien.
Les professionnels sont donc invités à repenser leurs gestes, leurs paroles et leurs postures à la lumière de plusieurs principes fondamentaux :
• Respect des besoins fondamentaux
Alimentation, sommeil, éveil, hygiène, motricité libre, continence… ces besoins ne sont jamais “détachables” du vécu émotionnel de l’enfant. L’enjeu est de garantir à chaque enfant un rythme individualisé, dans un environnement contenant et prévisible.
Une auxiliaire de puériculture peut par exemple observer que certains enfants s’endorment mieux avec une routine spécifique avant la sieste, qui va favoriser la sécurité affective. Une éducatrice de jeunes enfants peut, quant à elle, organiser les espaces pour permettre l’autonomie : libre accès au matériel, zones calmes pour se poser, repères visuels.
• Le rôle du jeu libre et du langage
Le référentiel insiste sur la place centrale du jeu libre, qui soutient l’autonomie, la socialisation et la créativité. L’adulte n’impose pas une activité : il aménage un cadre où l’enfant peut explorer, expérimenter et se construire. Le langage, lui, devient un outil de lien : parler à l’enfant, commenter ses actions, nommer les émotions, lire, chanter — autant d’actes simples mais puissants pour favoriser son développement cognitif et affectif.
• La gestion des émotions et des séparations
Les pleurs ne sont pas une “crise à gérer” mais un message à accueillir. Le référentiel valorise une posture contenante, où l’adulte reste présent, calme et rassurant. Il invite aussi à repenser la période de familiarisation : non pas une séparation rapide mais une phase progressive, où l’enfant et le parent tissent confiance et repères.
• Inclusion et repérage des besoins spécifiques
La qualité d’accueil passe aussi par la prise en compte des différences : enfants à besoins particuliers, situations de handicap, troubles du développement ou de la communication. Observer, signaler, ajuster l’environnement, collaborer avec les partenaires extérieurs (PMI, CAMSP, orthophonistes, psychomotriciens…) : voilà des actions qui témoignent d’une vraie conscience professionnelle.
Dans ton livret 2, relie ces exemples à ton vécu : “j’ai observé”, “j’ai ajusté l’aménagement”, “j’ai favorisé la communication non verbale”, “j’ai coopéré avec…”. Tu montres ainsi ton sens de l’observation et ta capacité d’adaptation.
B. La relation aux parents 👨👦 : coéduquer, dialoguer, soutenir
Le deuxième axe du référentiel rappelle que la coéducation est un pilier incontournable de la qualité d’accueil. Accueillir un enfant, c’est accueillir sa famille, son histoire, sa culture et ses émotions.
• Une communication authentique et transparente
Informer, écouter, échanger : le dialogue doit être continu et respectueux. Les transmissions quotidiennes, les réunions collectives ou les temps d’accueil du matin sont autant de moments pour construire une relation de confiance. Le référentiel encourage les professionnels à communiquer de manière claire, sans jargon, et à valoriser les observations positives.
• Reconnaître la compétence parentale
Les parents ne sont pas de simples “usagers”, mais des partenaires éducatifs. Cela implique de reconnaître leurs savoirs, leurs valeurs et leurs pratiques — même lorsqu’elles diffèrent de celles de l’équipe. Cette reconnaissance nourrit la cohérence éducative entre la maison et la structure, et réduit les tensions autour des différences culturelles ou des modes de vie.
• Soutien à la parentalité
L’équipe peut jouer un rôle d’accompagnement discret mais essentiel : rassurer, informer, orienter vers des ressources. Le référentiel recommande de développer des espaces de dialogue : cafés-parents, soirées thématiques, ateliers d’éveil partagés, ou simplement des moments d’échange à la sortie.
Dans ton livret 2, ces éléments peuvent nourrir les activités autour de la communication, de la transmission d’informations, ou du partenariat avec les familles. Par exemple : « J’ai proposé un temps d’échange avec une maman inquiète du sommeil de son enfant. Ensemble, nous avons trouvé une routine commune entre la maison et la crèche. »
C. La qualité organisationnelle 🗂️ : piloter, former, prévenir
Le troisième axe concerne la qualité du cadre d’exercice. Parce qu’il ne peut y avoir d’accueil de qualité sans conditions de travail décentes, le référentiel met en avant l’importance de l’organisation collective, de la formation continue et de la gouvernance des établissements.
• Des équipes soutenues et formées
Les structures doivent offrir aux professionnels des espaces de parole, de régulation et de formation. Réunions d’analyse de la pratique, formations sur le développement de l’enfant, groupes d’échanges entre pairs : autant de leviers pour éviter l’épuisement et renforcer la cohésion d’équipe.
Pour toi, candidate à la VAE, c’est aussi une invitation à parler de ta propre posture réflexive : comment tu t’interroges sur tes gestes, comment tu échanges avec ton équipe, comment tu cherches à évoluer.
• La prévention de la maltraitance institutionnelle
Un environnement où les professionnels sont en souffrance ne peut garantir le bien-être des enfants. Le référentiel rappelle la nécessité de protocoles clairs : repérage des signes de maltraitance, procédures de signalement, réflexions éthiques. Cette vigilance fait partie intégrante du devoir professionnel.
• Une gouvernance claire et transparente
Chaque EAJE doit mettre en place une évaluation interne et externe de la qualité d’accueil, au moins tous les cinq ans. Les collectivités territoriales jouent un rôle clé dans ce pilotage. Cette culture de l’évaluation continue contribue à améliorer les pratiques et à rendre visible l’engagement de chaque structure.
Pour ton livret 2, tu peux évoquer ta participation à des réunions d’équipe, à l’élaboration du projet d’établissement (le projet éducatif doit être ton guide au quotidien), ou à des réflexions sur la sécurité et l’aménagement. Ce sont des preuves concrètes de ta contribution à la qualité organisationnelle.
4. En quoi ce référentiel t’aide à valoriser ton parcours
S’appuyer sur ce texte, c’est ancrer ta pratique dans une réalité professionnelle actualisée. Cela montre que tu ne fais pas qu’exécuter des gestes techniques, mais que tu réfléchis à leur sens, à leur impact, à leur cohérence avec les valeurs de ton métier.
✨ Tu peux l’utiliser à plusieurs niveaux de ton parcours :
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Dans ton livret 2 : pour relier tes activités à des principes de qualité (posture, communication, environnement).
Si tu souhaites en savoir plus sur la VAE Auxiliaire de puériculture , clique ici. Si tu veux me contacter pour faire le point sur ton projet, clique ici.
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Lors de l’entretien avec le jury : pour appuyer ton discours avec des références précises, et montrer que tu fais de la veille professionnelle.
Si tu souhaites te préparer à l’oral, n’hésite pas à me contacter, ou à aller voir les différentes formules et types de financements possibles.
C’est une manière élégante de te distinguer : tu ne subis pas la réforme, tu l’intègres, tu la comprends, tu la fais vivre.
5. Les défis de la mise en œuvre
Bien sûr, l’application du référentiel ne va pas sans obstacles. Certaines structures peinent à réunir les conditions idéales : effectifs réduits, locaux inadaptés, manque de formation ou de temps. On retrouve même sur les réseaux sociaux différents professionnels de la petite enfance qui déclarent que « c’est du caca en boîte » (cf Tiktok). 😫
Moi je le vois comme le b.a.-ba des pratiques à attendre des pros. C’est un peu la base actuelle de ce que l’on attend de tout professionnel.
Si, à terme, ce référentiel devait s’accompagner d’audits de conformité ou de vérifications des modalités d’application dans chaque structure, il inviterait alors chaque établissement d’accueil de jeunes enfants à renforcer sa démarche qualité, à repérer d’éventuelles non-conformités et à mettre en place des actions correctives alignées sur les besoins réels des enfants et des familles.
Mais même dans ces contextes, le professionnel garde une marge d’action : observer, proposer, argumenter, s’impliquer dans des démarches d’amélioration continue. C’est d’ailleurs ce que les jurys de VAE apprécient : les candidats capables de lucidité et de propositions concrètes, plutôt que ceux qui idéalisent la pratique. 😉
6. Conclusion : une boussole pour la profession et pour ta VAE
👉 Le Référentiel national de la qualité d’accueil du jeune enfant 2025 est bien plus qu’un texte administratif. C’est une boussole professionnelle : il donne du sens à ton métier, valorise ton savoir-faire et t’invite à poursuivre une dynamique d’évolution constante.
Pour ton parcours de VAE auxiliaire de puériculture ou éducateur de jeunes enfants, il devient un appui solide : une référence à citer, à incarner, à utiliser pour structurer ton livret et ton discours.
Il t’aide à relier pratique et théorie, à exprimer ta posture réflexive, et à affirmer ton engagement pour une petite enfance respectée, bienveillante et inclusive.
Pour en savoir plus sur mes accompagnements VAE AP et EJE, ainsi que les formations en ligne, n’hésitez pas à consulter mon site .
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